[Les fonds de tiroir] Maléfique
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[Les fonds de tiroir] Maléfique

Jeu 19 Juin - 16:43



Je pense qu’après le fiasco de La Belle et la Bête, l’Univers avait besoin de rétablir son karma. Ou bien quelqu’un quelque-part a vu la catastrophe arriver et s’est empressé de sauver l’humanité de la décrépitude. Quoi qu’il en soit, ce que j’ai vu ce jour-là dépassait les compétences d’un seul homme. Il s’agit forcément de l’œuvre d’un dieu ou d’un super-héros bienveillant.

Deux être surnaturels nommés respectivement Robert Stromberg et Linda Woolverton sont descendus des cieux et ont offert au monde un nouvel espoir, une nouvelle lumière, en la merveilleuse création qu’est Maléfique.

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Avant de commencer, laissez-moi écrire quelques mots sur nos deux messies.

Robert Stromberg n’avait encore jamais réalisé un seul film avant celui-ci. Mais il s’est trouvé sur le tournage de nombreux films en tant que Superviseur des effets visuels (ça veut dire chef des effets spéciaux), Mat-painter (celui qui s’occupe du raccord entre le décor filmé et les acteurs filmés sur fond vert), chef décorateur, ou même concept-artist, pour Hunger Games. Il était là pour Avatar. Pour L'Odyssée de Pi. Il était aussi sur Shutter Island et Aviator et Mémoires d’une Geisha et je vais juste vous laisser la liste ici parce que ça serait trop long, cet homme est partout, cet homme sait comment faire des images, cet homme est un dieu pour les infographistes, amen.

Linda Woolverton, quant à elle, était scénariste pour Disney sur La Belle et la Bête (le dessin animé, celui que j’ai adulé toute mon enfance), Le Roi Lion, Mulan (voir parenthèse précédente), le film d'Alice au Pays des Merveilles et maintenant, Maléfique. Linda Woolverton a écrit pour les petites filles, elle a été la maman de deux des plus géniales princesses que Disney ait jamais proposées au monde. A présent, elle est aussi la maman de la plus géniale sorcière à avoir vu le jour.

Et si vous me permettez d’emprunter l’expression à une autre review en anglais, c’est ainsi que l’univers a été gratifié d’un « conte de fées à l’aspect féministe aussi aiguisé que les pommettes d’Angelina Jolie ».

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Je vous en remets une couche pour la peine.

Je vais donc vous faire une review très détaillée en ce qui me concerne, déjà parce que j'adore l'histoire, ensuite pour expliquer cette phrase ; alors si vous avez envie de voir le film et d’avoir la surprise, je vous conseille de le regarder avant de lire la suite. Ici, vous en êtes au niveau d’information que j’avais en y allant, donc vous aurez une idée de ce que j’ai ressenti.

Pour ceux que ça n’intéresse pas ou qui ont besoin qu’on les pousse un peu plus fort, voilà ce que ça raconte.

Maléfique, pour ceux qui n’auraient pas été du genre à regarder les dessins animés de princesses quand ils étaient petits, est la méchante dans La Belle au Bois Dormant. C’est une méchante fée aigrie qui va maudire une gamine à peine née à se piquer le doigt sur un rouet et s'endormir pour cent ans, tout ça parce que personne ne l’a invitée à la fête organisée pour sa naissance.

Mais la mode est à la réinterprétation des contes de fée, chez Disney. Alors après avoir fait de Blanche-Neige une guerrière digne de ce nom, on a trouvé que le coup de la méchante sorcière avait bien besoin d’être dépoussiéré un coup. Parce que merde, personne n’est méchant sans raison. Et peut-être que Maléfique en a de bonnes, de raisons.

On vous raconte ici que Maléfique était la petite princesse de la Lande, le pays des fées, et qu’elle était aimée de tous les petits trolls et de toutes les petites fleurs. Elle avait de grandes cornes sur la tête, des fossettes bien marquées, et de grandes ailes qui la portaient partout où elle voulait.

On vous raconte aussi que les hommes du royaume voisin étaient jaloux des fées et de leur abondance de biens et de plaisirs. Que Maléfique veillait et protégeait les frontières de la Lande de ceux qui convoitaient ses trésors. Mais elle avait quand même un petit ami humain, Stéphane. Un petit amoureux même, qui était orphelin et qui n'avait personne d'autre qu'elle. Et ils grandirent et s'aimèrent et pendant toutes ces années Maléfique continuait de défendre la Lande des attaques du cupide roi des hommes. Maléfique, portée par ses grandes ailes, aidée de ses sortilèges, détruisait des armées à elle seule. Le roi était fatigué de la combattre. Le roi sur son lit de mort déclara à ses plus vaillants chevaliers que celui qui tuerait Maléfique aurait le trône.

Stéphane, devenu grand, s’était fait engager au château. Et Stéphane connaissait le secret pour vaincre les fées : elles craignent le fer. Mais Stéphane avait grandi et son ambition avait grandi avec lui. Alors il retourna voir Maléfique, sous prétexte de la prévenir… mais lorsque la fée se fut endormie, il sortit son couteau et, retenu de la tuer par les sentiments qu’il éprouvait, lui coupa néanmoins les ailes pour les ramener au roi en faisant croire qu’il l’avait complètement détruite.

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Il n’en était pas loin. Car lorsque Maléfique découvrit que sa fierté, ses fidèles alliées, lui avaient été arrachées par celui qu’elle aimait, elle fut anéantie. Prête à tout pour se venger, elle devint une sorcière, reine de la Lande ; créa une barrière infranchissable autour de son royaume pour que plus personne ne puisse y entrer ou en sortir sans son aide. Puis elle attendit l’occasion parfaite : la naissance de la première fille du nouveau roi Stéphane.

Vous savez ce qu’il se passe alors : Maléfique interrompt la cérémonie pour maudire la fillette, la condamner, à ses seize ans, à mourir – ou plutôt, puisque le roi la supplie à genoux, à être plongée dans un sommeil éternel. Le roi, paniqué, fait brûler tous les rouets du pays. Puis il confie la petite aurore à trois bonnes fées qui devront l’élever loin dans les bois, loin de ses origines, afin qu’elle soit protégée. Et ses ordres sont exécutés. Et pendant toutes ces années, alors que Stéphane devient lentement fou d’inquiétude au fond de son château, Aurore grandit tranquillement sous la surveillance de ses marraines… et de Maléfique, qui ne voudrait pas que ces empotées incompétentes ne tuent par accident la clé de sa vengeance avant ses seize ans !  

Car voilà que le film entre dans sa deuxième partie et s’éloigne du schéma classique de vengeance et de trahison. Aurore grandit, Aurore devient curieuse, devient intrépide, Aurore finit inévitablement par être sauvée une fois de trop par Maléfique qui se révèle alors à elle. Et, surprise ! Aucune frayeur de sa part face à la vilaine sorcière, mais une reconnaissance envers celle qu’elle sait la protéger depuis longtemps. Une relation de confiance qui s’installe comme si de rien n’était entre Aurore, totalement inconsciente du sort qui pèse sur elle, et Maléfique qui sent au contraire peser les regrets. Elle a condamnée une enfant qu’elle a fini par apprécier bien plus qu’elle ne chérissait l’idée de sa vengeance, mais elle ne peut pas annuler la malédiction. Rien ne le peut excepté ce « baiser d’amour sincère », dont elle sait, depuis le jour où elle a prononcé ces mots, qu’il n’existe pas. Au diable les vieilles idées de nos grand-mères. L’amour véritable ? Ha ! L’amour véritable l’a laissée hurlant de douleur sans ses ailes, alors elle sait bien qu’il ne viendra pas sauver Aurore.

Et le prince, me direz-vous ?

Mes amis, à ce moment-là, nous avons passé déjà une heure voire une heure et demi de film. Une heure et demi à voir deux personnages féminins fascinants interagir de diverses manières, en compagnie d’un homme-corbeau absolument adorable. Mon petit esprit d’enfant voit resurgir le souvenir du dessin animé au fur et à mesure et se satisfait des changements apportés, mais il a de plus en plus peur : le prince charmant va-t-il surgir et surtout, va-t-il venir affadir le délicieux banquet qui m’a jusque là été servi ?

Je tremblais. Et puis j’ai vu le prince.

Un petit jeune homme aux cheveux longs et bouclés, au menton encore oscillant entre l’enfance et l’adolescence, un gentil petit aux allures de jeune premier un peu perdu, le genre de petit ami qui, dans le monde réel, vous apporterait des fleurs et des CDs de musique qu’il a gravé lui-même, ce genre de guimauve dégoulinante. En bref, un gamin de seize ans qui fait exactement ce qu’on s’attend d’un gamin de seize ans : il ne sert à rien.

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Qu’est-ce que je fais là.

Je jubile tellement que je vais réécrire ces mots très lentement. Il. Ne. Sert. A. Rien.

Le PRINCE CHARMANT, le putain de prince charmant qu’on a servi à toutes les sauces à des générations entières de fillettes fleur-bleue, est relégué au rang de clin d’œil. Même quand Aurore se pique finalement le doigt et s'endort, les fées viennent le chercher pour qu'il l'embrasse et il ne se passe rien, parce que personne ne tombe amoureux au premier regard, personne ne rencontre son âme sœur au milieu des bois, c’est n’importe quoi.

Merci mon dieu d’avoir laissé Linda Woolverton écrire ce scénario.

Enfin, vous voulez savoir comment ça se passe après ? Maléfique s’introduit dans la chambre où le corps d’Aurore est gardé et Maléfique pleure. Maléfique s’excuse d’avoir trahi la jeune fille, de ne pas avoir pu la protéger. Maléfique promet qu’elle ne laissera plus personne lui faire de mal. Puis Maléfique embrasse Aurore sur le front comme pour lui dire bonne nuit, et Aurore ouvre les yeux et là c'est moi qui pleure.

PARCE QUE JE SAIS QUE C’EST FAIT POUR DIRE QUE MALEFIQUE EST DEVENUE SA MAMAN ET QU’ELLE L’AIME PLUS QUE TOUT MAIS C’EST TELLEMENT LA PLUS BELLE DECLARATION D’AMOUR QUE J’AIE PU VOIR QUE JE ASDFGHJKJLLHAAAAAAAAA.

Maléfique est un film féministe jusqu’au bout des griffes de son personnage principal et j’ordonne chaque personne présente à aller le voir et à voir ce que c’est un peu de faire un film avec des filles dedans.

Deux choses.

Déjà, en allant le voir, vous soutenez l’idée que ce genre d’histoire est un genre qui plaît. Peut-être que ça ne vous plaît pas à vous mais pitié, j’ai besoin que les créateurs pensent que ce genre d’histoires plait. Comme ça ils en feront d’autres. Et donc, déjà j’aurai plus de trucs cool à voir ou lire ou auxquels jouer, mais en plus, vu que j’ai l’intention d’écrire aussi des histoires féministes, ça m’aiderait dans ma future carrière d’auteure de best-sellers. *PAF*

La seconde chose, c’est que je profite de l’occasion pour vous faire une petite leçon sur la femme dans les histoires et surtout, la femme dans une position de pouvoir.

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I came to CRUSH THE PATRIARCHY.

C’est un principe qu’on pourrait déjà qualifier d’avancé, ça veut dire que vous en avez conscience à partir du moment où vous avez conscience d’autres choses plus mineures concernant le sexisme dans les médias. Par exemple, il faut déjà vous rendre compte qu’il y a moins de personnages féminins que masculins, ou que ces dames ont moins de temps de parole. Il y a rarement un personnage principal féminin dans un film qui n’est pas une "comédie pour filles" ou un… conte de fées.

Mais voilà qu’en plus, lorsque le personnage principal d’un film plus "masculin" est une fille, elle n’est pas vraiment dans une position de pouvoir.

Par exemple c’est bien une femme qui mène la série des films Resident Evil, alors que le genre n’est pas spécifiquement orienté "filles". Mais le personnage d’Alice est un sujet d’expérience amnésique, fabriquée par des personnages masculins dans un laboratoire. Elle n’est pas maîtresse de ce qui lui est arrivée et elle se bat pour avoir un minimum de libre-arbitre. Elle a besoin de l’aide d’autres personnages pour atteindre ses objectifs parce qu’elle ne comprend pas la situation qui l’entoure : elle n’est à aucun moment en situation de contrôle. Même si elle semble l’être, parce qu’elle se bat bien et qu’elle arrive à ses fins ! Mais en fait, son existence dépend quand même d'autres qu'elle.

Un personnage féminin qui a le pouvoir, ce serait Pepper Potts dans les films Marvel par exemple. Qui est à la tête de Stark Industries à la place de Tony Stark, même si les gens ont tendance à l’oublier. Et elle est parfois dépassée, parfois chiante, pas forte physiquement, mais elle a une position hiérarchique supérieure au héros du film. Elle n’est même pas sexualisée, jamais. Par contre, vous voyez, elle n’est pas elle-même l’héroïne des films. Elle est un soutien pour le personnage principal masculin.

Donc là où Maléfique fait très fort, c’est que son personnage féminin est un personnage principal qui est en position de pouvoir. Maléfique est capable de se battre contre des centaines d’hommes à la fois alors même qu’ils sont armés et équipés de ce qui constitue sa kryptonite. Maléfique, confrontée à la cruauté et à la trahison, se crée un trône d’où elle préparera sa vengeance. Maléfique, quand on tente de la détruire, vous rit au nez et revient avec d’autant plus de classe et de puissance pour maudire votre premier né et vous regarder ramper à ses pieds. Elle est à la fois l'héroïne et la méchante, l'élément perturbateur et sa résolution. Elle est tout et les personnages masculins sont là pour la décoration, j'crois pas qu'on en voie un seul parler d'autre chose que de Maléfique durant tout le film.

Ca fait tellement de bien à la représentation féminine que j’ai envie de pleurer.

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Bonjour, tiens, voilà mon cœur, tu peux le prendre j’en ai pas besoin.

Maintenant, pour ceux qui s’en foutent : Maléfique est aussi un film beau. Les images sont superbes. Les décors sont splendides. On ne se fout pas de votre gueule une seule seconde, vous êtes allés voir Angelina Jolie dégommer des chevaliers d’un battement d’ailes et vous la verrez. Vous êtes allés voir cette muraille de ronces sortir de terre dans le trailer, vous la voyez sous toutes les coutures. Vous voulez des petites créatures en 3D mignonnes ? Il y en a. Vous voulez des batailles épiques dans des châteaux en flammes ? Il y en a aussi. ET LE DRAGON. Vous vous rappelez du dragon ? Il y est et il est MAGNIFIQUE.

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Ca devrait être un argument suffisant, non ?

En fait ce film contient tellement tout ce qu'il faut que vous pourriez même avoir envie de voir le professeur Ombrage en bonne fée, vous verrez ça aussi.

[Les fonds de tiroir] Maléfique Maleficent-(2014)-232
Je ne plaisante pas.

Oh et puis, j'en oublierais presque de parler de la bande-son. Non, attendez, je ne vais rien dire à ce sujet. Je vais juste dire : James Newton Howard.

Putain ce film a été confié à une telle bande de professionnels, j'ai l'impression que c'est Noël en été.


Alors voilà. Je ne sais pas ce que je pourrais ajouter, franchement. Si vous n'avez toujours pas envie après ça, je ne sais pas ce qu'il faut que je vous dise.

Mais merci d'avoir lu, c'était important.
Kana
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Ven 20 Juin - 15:53



HNGNNNN. Je veux le voir, du coup j'ai pas lu ! QAQ
J'ai donc un niveau de frustration élevé et déverse ma bile en première réponse de topic. ;_;
Koten
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