[série télé] Teen Wolf

Je suis encore plus désolée que dans l’introduction de mon pavé précédent.
Mais à la demande d’un certain admin qui m’a mise au défi de réussir à vous intéresser à une série télé pour adolescentes, le texte qui suit sera très long et dénué de tout intérêt intellectuel.

Néanmoins, je n’ai pas peur d’affirmer que j’ai bien l’intention de réussir à vous faire témoigner de l’intérêt pour une série pour adolescentes, et ceci avec preuves et comparaisons à l’appui.

Alors je vous en prie, asseyez vous confortablement, prenez une boisson fraîche et suivez moi sur la route pavée d’or qui mène au salut de vos âmes.


Je vous entends d’ici, marmonner les mêmes choses que moi quand je ne connaissais pas encore. Quoi, sérieux, c’est quoi cette série, le nom est nul et je vois d’ici le pseudo-drama à la « oh non pourquoi ne pouvons-nous pas être ensemble » en plus l’affiche ressemble à celle de Twilight, si ça c’est pas un signe…

Alors…

Oui.

Je ne vais pas vous mentir. Oui Teen Wolf c’est niais.

Teen Wolf, c’est l’histoire d’un gamin un peu nul et asthmatique appelé Scott, qui se fait mordre par un loup-garou alors qu’il se promène dans les bois en pleine nuit, et se transforme donc en créature surhumaine aux sens décuplés et aux muscles qui poussent pendant la nuit.

Et après, comme vous vous en doutez, il va se trouver une jolie fille mais oh, surprise ! La jolie fille vient d’une famille de chasseurs, et n’a débarqué en ville que pour traquer le vilain loup-garou qui a mordu Scott. Mais ils vont quand même tomber amoureux en deux jours et se la jouer roméo et juliette je-passe-par-ta-fenêtre-quand-personne-ne-me-voit, et puis se quitter et se remettre ensemble au moins trois fois jusqu’à maintenant (je compte pas vraiment).

Mais. Ca n’a rien à voir avec un énième Twilight et j’insiste sur ce point. En fait, Teen Wolf a été influencée par deux choses, d’abord un film du même nom sorti en 1985 et qui n’a de commun avec la série que le nom des personnages principaux, au mieux. Ensuite, par la série Buffy contre les Vampires, qui que vous le vouliez ou non, possède l’un des personnages les plus badass de l’histoire des séries américaines.

Donc Teen Wolf ne parle pas seulement d’un ado qui se fait mordre par un loup-garou et qui a trop du mal à garder sa copine. En fait, ça parle d’un ado qui se fait mordre par un loup-garou et ensuite toute la ville devient un PUTAIN DE CHAMP DE BATAILLE.


Mais cette précision sur le contexte général n’était que le premier point de mon argumentation. Parce que j’ai bien conscience que l’histoire n’est pas le point fort de cette série. D’autant plus que si par miracle, quelqu’un ici se mettait en tête de vouloir regarder, la saison 1 est d’une  lenteur exaspérante. Mais c’est un peu comme l’acte 1 de Homestuck. Il faut s’accrocher un peu et ensuite, les choses deviennent Géniales.

Et maintenant que j’ai fait une introduction de quatre mètres, je m’en vais vous expliquer pourquoi c’est aussi génial.



1. Parce que les filles sont BADASS.



Et je vous avoue, que c’est réellement la raison numéro 1 pour laquelle je regarde cette série.

PARCE QUE VOUS N’IMAGINEZ PAS COMME CA FAIT DU BIEN.

Pour une fois, dans une série banale et a priori juste divertissante, les personnages féminins ne sont pas juste des faire-valoir qu’il va falloir protéger, ni des personnages secondaires qui ne sont là que pour rendre les situations délicates encore plus délicates.
Non, là, les filles sont fortes, intelligentes, parfois pleines de plus de bon sens et/ou de ressources que la moitié des autres personnages réunis, et même s’il leur arrive de paniquer ou de hurler de peur, elles savent faire face.
Je veux dire, vraiment. D’habitude quand dans un film, un personnage féminin se montre intéressant, on a – j’ai – ce moment de réalisation genre « eh, mais elle est cool en fait ». Eh bien, dans Teen Wolf, ce sentiment augmente sans cesse.

Allison est une chasseuse super forte qui fait du tir à l’arc, fabrique des pièces dans la forêt et attrape des loups-garous toute seule comme une grande, mais au début elle est complètement flippée et on la voit changer, on la voit littéralement faire face et se dire « non, j’ai pas peur, je veux pas avoir peur, c’est pas moi, ça me ressemble pas ». J’ai ressenti une sympathie grandissante pour le personnage en suivant son évolution. Parce que c’était pas juste « oh mon dieu mes parents chassent des monstres et mon petit ami en est un qu’est-ce que je vais faire », c’était « oh mon dieu mes parents chassent des monstres et moi je pleurniche dans ma voiture qu’est-ce que j’ai l’air conne ». Vous saisissez la différence ? Elle ne s’est pas contentée d’être dépassée par les évènements. Elle a décidé de faire quelque-chose par elle-même, même si elle était dépassée. Et elle réussit. Et c’est génial.

Et c’est pareil pour tous les autres personnages. Lydia, personnage super intelligent qui joue les potiches pour pas vexer son petit ami en s’avérant meilleure que lui, se retrouve embarquée dans l’histoire sans avoir rien demandé, au point de devenir cinglée (littéralement), mais elle continue de vivre sa vie comme si de rien n’était, de balancer des répliques cinglantes et d’avoir une maîtrise d’elle-même qui force le respect.


En plus, elle est présentée comme le personnage sexy de la série et elle est aussi celle qui a le plus de hanches. Chez Teen Wolf, les filles sont belles sans être anorexiques.



2. Parce que ça parle de cul.


Mais je ne parle pas là de blagues salaces ou de sous-entendus vaseux. Non, je parle de capotes, de libido, de la discussion gênante qu’on a tous eu avec notre mère, de frustration et de ce genre de choses NORMALES.

Parce que c’est un truc qui me saoule particulièrement dans les œuvres destinés aux adolescents, c’est que soit la sexualité est totalement ignorée, soit elle est aseptisée. On dirait que c’est genre un sujet tabou ou je sais pas. D’un côté on a Twilight et ses valeurs du siècle dernier, de l’autre la myriade de séries pour ados qui réutilisent tous les mêmes thèmes usés jusqu’à la corde de la nana qui tombe enceinte à 16 ans et qui sait pas quoi faire du bébé, du salaud qui finit avec la jeune vierge innocente, de la fille  qui se fait violer pendant une soirée trop arrosée… c’est bon quoi, changez de disque un peu.

Alors ça fait plaisir de voir une série où on réutilise pas les mêmes clichés pour faire les mêmes épisodes pseudo-éducatifs. Je veux bien qu’aux Etats-Unis, niveau éducation sexuelle, ils soient pas au top, et peut-être que c’est important chez eux d’avoir des séries télé pour parler de viol, de sida et de contraception, mais on peut le faire de façon plus subtile, et preuve en est que Teen Wolf y arrive. En nous montrant la nana qui pique des préservatifs dans le sac de sa tante, cette même fille (encore et toujours elles vous avez vu) qui a la discussion avec sa meilleure amie du « bah moi je veux bien le faire avec mon copain mais on en a pas encore discuté tous les deux ». Et en ayant cette attitude assez agréable où on s’en fout de ce que les personnages font au lit, ou avec qui ils le font, combien de fois par semaine ; mais en même temps on a des scènes où la fille garde son soutif, ou le gars se cogne la tête ou fait tomber un truc, où ils éclatent de rire, où c’est pas une putain de chorégraphie comme dans les films. Du coup, on a l'impression qu'ils sont là pour dire "détends-toi, fais comme tu le sens, on est pas là pour te faire la morale". Et c'est plutôt rafraîchissant.



3. Parce qu’ils connaissent leurs classiques.


Voilà, vous pouvez ré-éteindre votre cerveau, on en a fini avec les histoires de justice sociale. :P

Le fait est que les loups-garous de Teen Wolf n’ont pas grand-chose de « vrais » loups-garous. Ils se transforment à volonté et la pleine lune ne fait qu’augmenter leur agressivité. Ils se fichent des balles en argent mais sont sensibles à l’aconit tue-loup, style Wolfman. Principalement seul le visage se transforme, pour les loups de base, et l’attitude du corps se penche un peu en avant. Il n’y a que les loups Alphas qui se transforment complètement mais vu l’immondice de loup croisé avec un gorille que ça donne, c’est pas vraiment un manque si on le voit pas.


Enfin donc, si vous vous attendez à voir des balles en argent, des lancers d’eau bénite et des transformations impressionnantes, vous allez forcément être déçus. Comme l’ont été ceux qui ont hurlé au sacrilège quand Edward s’est mis à briller au soleil.

Mais.
Reconsidérons les choses.
Un vampire ou un loup-garou, dans l’idée, qu’est-ce que c’est ? Un être surnaturel qui se rapproche d’un démon. D’ailleurs l’un comme l’autre contiennent dans les mythes originaux une certaine dose de pacte avec le diable, d’âme corrompue, de crainte de l’eau bénite et autres éléments qui se raccrochent, en fait, à la religion chrétienne.

Donc si vous intégrez un loup-garou ou un vampire dans une histoire, sans en changer les caractéristiques, vous soulevez obligatoirement un tas d’interrogations que vous n’avez pas forcément envie de développer. S’il y a démons, s’il y a crucifix et balles en argent, alors il y a anges, dieu, diable, paradis, enfer, la vie après la mort, la création du monde selon la Genèse ; et c’est pas forcément parce que vous parlez de loups-garous que vous avez envie de vous la jouer créationniste, n’est-ce pas ?

Donc on oublie les balles en argent, on oublie l’eau bénite, on oublie l’influence de la lune et on fait de nos créatures surnaturelles des êtres plus proches des mutants que des monstres.

Et là où Twilight se casse un peu la gueule, en ajoutant quand même à l’histoire le principe du « mais si tu deviens un vampire tu perds ton âme ! » qui n’a plus lieu d’être dans un contexte sans religion, Teen Wolf se crée une mythologie propre, empruntant des idées à la fois aux légendes françaises style bête du Gévaudan et autres éléments du folklore celtique (sisi, au cas où vous ne le sauriez pas ou n’auriez jamais réalisé, le loup-garou tel qu’on le connaît partout est une légende européenne :3 d'ailleurs j'aurais payé pour avoir les épisodes en anglais et les voir galérer à prononcer Gévaudan, bleu roi ou Auvergne hahaha), et aux mythes amérindiens qui viennent ajouter à ça les éléments plus magiques, les fleurs qui tuent et les cercles de poudre enchantée qui empêchent les monstres de passer. Et au final, ça se tient. Mieux, ça permet de regarder sans se demander qui est gentil et qui est méchant, et d’avoir des loups-garous qui se battent entre eux, des chasseurs qui sont pas d’accord, et un contexte général beaucoup moins manichéen et donc plus apte à avoir l’air crédible.



4. Parce que c’est kitsch.



C’est un petit point mais c’est un point que je trouve important, parce que c’est le genre d’humour que j’aime bien.

Bon okay. OKAY. Y a des moments où cette série est super kitsch et c’est même pas pour faire rire. Et je ris quand même mais je sais qu’ils sont sérieux. Enfin je suppose qu'ils le sont, peut-être qu'ils font vraiment ça pour rire, mais je suis pas capable de vérifier.

N’empêche que peu importe, mais moi le gars qui débarque sur fond de musique rock avec sa dégaine de mannequin, le loup-garou qui fait des roulades dans les airs sans raison, ou le personnage qui se fout torse-nu pour rien (quoiqu’ils arrivent quand même à trouver une justification, même bancale, presque à chaque fois), ça me fait rire. Et tant pis si c’est pas le but recherché.

Qu’on ne vienne pas me dire qu’ils s’éclatent pas à écrire ces scènes de toute manière, j’y croirais pas.


Et puis ça s’envoie des phrases assassines sans arrêt, et pour moi qui adore les mots, qui adore quand ça s’attaque verbalement un jour je vous parlerai de Sherlock, c'est un vrai plaisir à chaque épisode.



5. Parce que c’est aussi super triste.


Et pour la grande fan de drama que je suis, c’est la cerise sur le gâteau. Je termine avec ça mais ça aurait pu être la raison numéro 1. A égalité avec l'actuelle.

Dites vous que quand j’ai commencé à regarder, je me disais à peu près ça : « ouais, bon, ça va être un truc mignon avec des loups-garous du pauvre, mais bon y a deux saisons et 24 épisodes en tout, ça prendra pas longtemps et ça peut être divertissant si on s’attend à rien… »

Sauf que j’ai accroché parce que c’était rigolo. Donc j’me suis laissée entrainer. J’ai baissé ma garde.

Et là, au moment où je m’y attendais le moins, PAF. Rappel soudain que coucou, t’es dans une série avec des monstres et des chasseurs et N’IMPORTE QUI PEUT MOURIR A N’IMPORTE QUEL MOMENT.

Et avant d’avoir eu le temps de dire ouf j’étais déjà cramponnée à mes ongles en train de dire « non ne lui faites pas de mal pitié » à mes personnages préférés.


Et c'est assez perturbant, voire même frustrant, quand une série arrive à me prendre à revers comme ça. Mais c'est pour ça que c'est addictif. C'est pour ça que je peux pas arrêter, parce que cette série a réussi à me surprendre. Et qu'elle me surprend un peu plus à chaque fois. Alors j'ai envie de voir ce qu'elle me réserve d'autre.

Voilà, on est en bonne voie pour arriver tout doucement vers une conclusion.

Je vous avoue que pour cette fois, l'idée n'était pas forcément de vous donner envie. Comme je l'ai dit, c'était un défi et ça parle plus de mon ressenti que d'une idée objective du ressenti qu'on peut avoir. Si vous cherchez un peu, vous trouverez des gens qui trouvent la série vraiment mauvaise parce que peu recherchée, et c'est vrai. Vous verrez des gens se plaindre que le personnage principal est assez insupportable, et c'est vrai. Vous saurez que les personnages masculins exhibent leur plastique un peu trop souvent, que c'est même un argument de vente et oui, ça met un peu mal à l'aise - mais surtout dans l'idée et moins dans la façon dont c'est fait, finalement ; pour les raisons citées plus haut. Et sans doute que si on se met à réfléchir vraiment au concept, il y a des lacunes et des incohérences qui passent inaperçues sur le coup.

Mais voilà, j'assume parfaitement de regarder une série pour ados qui ne me donne aucune crédibilité. Et je ne suis pas tant là pour défendre quoi que ce soit que pour simplement manifester mon enthousiasme. Alors, s'ils vous a convaincus, tant mieux ; si vous n'êtes pas prêts pour autant à regarder, c'est pas grave. Et si vous trouvez que ça ne vaut rien, on peut aussi en discuter. :3

Et pour finir, vous noterez, enfin surtout Koten, que j'ai écrit 6 pages sur Teen Wolf sans faire aucune allusion au gay porn, ni même à la présence de personnages homosexuels, et même sans mentionner le nom d'un personnage homosexuel ou même bisexuel ou passible de s'avérer l'être. :3

Maintenant si vous n'êtes pas sages, je suis prête à riposter avec du fanservice.

HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA.

Bonne soirée ! o/