[Les fonds de tiroir] La Voleuse de Livres
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[Les fonds de tiroir] La Voleuse de Livres

Sam 18 Oct - 15:53



Mesdames et messieurs l’heure est grave, j’ai pleuré sur un livre.

Je ne sais pas trop ce que vous pensez de moi ici quand vous lisez mes longs pavés débridés et débordant de sentiments irrationnels (les lisez-vous seulement d’ailleurs), peut-être que vous imaginez une grande romantique passionnée, en robe blanche et cheveux au vent sur la falaise façon Jane Eyre, mais en vérité, ce n’est pas du tout représentatif.

En fait il y a une chose sur laquelle il faut qu’on soit clairs, vous et moi : peu importe le nombre de fois que je pourrais vous dire que « CE TRUC EST GENIAL J’EN AI PLEURE », ce sera un mensonge éhonté. Je ne pleure pas devant les livres, je ne pleure pas devant les films, je ne pleure devant rien ; je ne pleure même pas quand Aerith meurt. Je suis un bloc de granit impassible absorbant tranquillement l’œuvre que j’ai sous les yeux pour ensuite mourir de l’intérieur très lentement, à mesure que je prends conscience du traumatisme qu’elle a créée.

Mais cette fois, j’ai pleuré.

Oh, il faudrait aussi préciser que quand je dis pleurer, je ne parle pas d’avoir les yeux qui brillent très fort sous le coup de l’émotion (ça, ça arrive). Non, quand je dis pleurer, je parle de Vraies Grosses Larmes de Crocodile, le genre qui brouille tellement ta vision que tu peux même plus lire ce que t’as sous les yeux mais tu continue quand même, le genre que si ça tombe sur la page tu sais que ça va rendre l’encre illisible alors tu tiens le bouquin aussi loin de toi que possible mais tu continues parce que tu peux pas laisser les héros tous seuls à un moment aussi critique ce serait inhumain. Voilà de quel genre de pleurs on parle ici, j’espère que c’est clair.

Je reprends donc : mesdames et messieurs, j’ai lu La Voleuse de Livres et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.

[Les fonds de tiroir] La Voleuse de Livres Movies-the-book-thief-poster

Il y a un film qui est sorti l’hiver dernier sur La Voleuse de Livres, et je ne l’ai pas vu. Je ne l’ai pas vu parce que je voulais, d’abord, découvrir l’histoire sous sa version originale, avec des mots qui fabriqueraient des images dans ma tête et pas sur un écran. Surtout que je savais que La Voleuse de Livres, écrite par Markus Zusak, avait une façon d’être tournée assez particulière, sans savoir exactement en quoi consistait cette particularité. L’appel de beaux mots est toujours le plus fort chez moi, vous devez le savoir. Et puis il se trouvait que ma grand-mère était en possession du livre alors je savais que je pourrais le lui emprunter, donc j’ai attendu et quand l’occasion s’est présentée, je l’ai subtilisé sur son étagère.

Quand elle s’en est rendue compte (c'est-à-dire dans les 5 minutes), elle a dit : « tu vas voir, c’est superbe ».
Et elle avait raison.

J’aimerais ne rien vous dire de cette particularité d’écriture que manie La Voleuse de Livres, mais en même temps, j’ai envie de ne vous parler que de ça. C’est un peu compliqué. On va faire ça comme ça.

Vous devriez savoir une autre chose vraie à propos de moi : quand je trouve un livre dont les mots sont beaux, dont les phrases, ou une phrase, me frappe particulièrement, je suis obligée de m’arrêter de lire le temps que mon esprit ressente ce « woah, là, il se passe quelque-chose ».

Ca n’a rien à voir avec l’émotion, c’est plutôt comme si les mots étaient tellement à la bonne place qu’ils reflétaient l’Ordre de l’Univers. En fait c’est moins un « woah » qu’un « putain » mental, comme quand vous avez la sensation d’oublier quelque-chose en partant de chez vous et tout à coup, au pire moment possible, vous vous souvenez quoi. Ce genre de sensation qui mêle exaspération et soulagement intense, quand la pièce manquante se met en place. Et ça, ça m’arrive nettement plus souvent que de pleurer, alors c’est devenu mon échelle d’excellence.

[Les fonds de tiroir] La Voleuse de Livres Page-1

Bref, je vous dis ça parce que La Voleuse de Livres était juste un immense, un énorme putain du début à la fin. Je vais me faire violence et ne pas vous expliquer en détail pourquoi. Mais juste… putain.

La Voleuse de Livres, c’est une gamine dans l’Allemagne de 1939, qui se retrouve en famille d’accueil parce que sa mère ne peut plus s’occuper d’elle. Liesel est une gentille petite fille qui ne fait rien de mal, qui est un peu insolente avec la maîtresse et aime bien se bagarrer avec les garçons dans la rue mais qui dit bonjour aux adultes et écoute ses parents. Liesel cependant, est descendue du train avec dans ses affaires un livre qu’elle avait volé, un livre qu’elle ne sait pas lire. Et quand son nouveau papa découvrira l’objet, il lui apprendra à en déchiffrer les mots.

Voilà l’histoire, si on veut : Liesel est une petite fille qui aime lire, qui trouve un réconfort dans les mots, et pour cela il faut qu’elle les vole, comme un hommage, une cérémonie pour leur donner toute leur saveur. Et c’est elle qu’on suit alors qu’elle devient la Voleuse de Livres. Elle, son nouveau papa qui joue de l’accordéon, sa nouvelle maman et sa cuillère en bois, son petit voisin Rudy avec lequel elle se bat, sa rue menacée par les bombardements, et puis Max.

Max, c’est le juif que Liesel et ses parents cachent dans la cave et qui va devenir le premier auditoire de Liesel. Petit bagarreur et grand rêveur, Max va servir d’ancre à Liesel, lui donner une raison de s’acharner à déchiffrer les mots sur les pages, jusqu’à la dernière ; puis à voler encore, pour lire de nouveau. Derrière tout ça, il y a un portrait de l’Allemagne faisant face aux conséquences de la guerre et c’est horrible, mais c’est tellement plus que ça, tellement plus, putain.

Alors j’ai pleuré. Quand c’était beau, quand c’était triste, quand ça allait mieux ; j’ai pleuré de rage et de désespoir et de soulagement, peu importait mais il fallait que ça sorte, il fallait que ça déborde de l’espace classique entre le papier et le lecteur. Cet espace classique dans lequel j’ai pu faire entrer en vrac, tout au long de ma vie, les situations rocambolesques des livres pour enfants, la niaiserie dégoulinante de Twilight, la sereine médiocrité des romans lus l’été sur la plage, la précision terrifiante des bons romans policiers, les visions sanglantes que m’inspirent le Corps Exquis et jusqu’aux longues descriptions du Trône de Fer, cet espace là n’a pas été capable de contenir toute l’émotion de La Voleuse de Livres.

[Les fonds de tiroir] La Voleuse de Livres A-page-of-the-book-thief-jpg

C’est donc de ça que je suis venue vous parler aujourd’hui. De beaux mots, de belles histoires, mais surtout de comment ces mots peuvent vous arracher des sentiments. Comment ils peuvent s’inscrire en vous et vous remplir jusqu’à ce que vous débordiez.

Liesel et moi, nous sommes venues vous dire toutes les deux que si vous aimez les mots, ils peuvent être les choses les plus belles et les plus puissantes du monde.
Kana
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